Je me suis formée pour accompagner les personnes au "cerveau atypique", de l'enfance à l'âge adulte, en passant par l'adolescence, dans leur équilibre de vie personnelle, scolaire, professionnel.
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"Intelligent, hypersensible, et si vous étiez HPI ?
- Qu’est ce que le quotient intellectuel ? - Une classe adaptée pour les enfants précoces ..."
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A l'origine, il y a 150 ans, la douance (giftedness en anglais), c'est "le fait d'être doué", pas "intelligent". En 1869, c'est un Anglais, Galton, cousin de Darwin, qui a, le premier, utilisé le terme "gifted" pour désigner des adultes éminents, illustres, présentant des "aptitudes héréditaires". Mais il eut le tort d'appeler le livre qu'il en a tiré le "génie héréditaire" : on a donc retenu "génie" et oublié "aptitudes" et "héréditaires".
Début du XXe siècle (50 ans plus tard), des psychologues américains se sont intéressés aux enfants prometteurs, ceux qui deviendraient les éminents Américains de demain; ce sont eux (Terman, puis Hollingworth) qui ont réduit, arbitrairement, les enfants "doués" (gifted) aux enfants ayant "un QI supérieur ou égal à 130" et en ont fait la "douance intellectuelle"(talent académique) qui forme la base de ce qu'on appelle aujourd'hui le "haut potentiel intellectuel" ou HPI.
Ce n'est donc pas "démontré scientifiquement" comme le prétendent les Français (qui ne lisent pas l'anglais).
Milieu du XXe siècle, les Français ont importé les "enfants intellectuellement doués" et en ont fait des "surdoués", induisant ainsi le mythe du "surdoué qui réussit tout ce qu'il touche", que certains font revivre depuis quelques années (Gauvrit, Les surdoués ordinaires, 2014).
Le haut potentiel intellectuel ou HPI est donc le résultat d'une suite d'amalgames et de simplifications :
- A ce jour, contrairement à ce qu'affirment certains psychologues, surtout français, la douance n'a pas de définition univoque et le QI n'en fait pas nécessairement partie.
Les anglo-saxons ont publié de multiples volumes sur la douance et les Conceptions of Giftedness, que les Français ignorent, et les spécialistes ne sont jamais d'accord entre eux (en France non plus, mais pour d'autres raisons) :
Réduire la douance à "un QI supérieur ou égal à 130 et 2,28% de la population" est donc de l'enfumage franco-belge, qu'on ne retrouve pas dans les pays anglo-saxons, qui en sont revenus depuis longtemps !
Retenez, donc, que "douance" n'est pas synonyme d'"intelligence" et encore moins de "QI".
La douance, c'est ce que vous êtes, pas ce que vous faites, comme le répète depuis longtemps Linda Silverman, une des références aux Etats-Unis depuis 40 ans.
"Je me suis toujours senti en décalage !"
"Je ne me trouve pas plus intelligent. Parfois je comprends plus vite, parfois je suis le seul qui ne comprend rien."
"On me dit que je suis trop curieux, trop sensible, trop bizarre, trop ... tout ! Que je me pose trop de questions !"
"On m'a diagnostiqué bipolaire, borderline, TDA/H, hyperactif, anorexique/boulimique, TOC, dys., etc., etc., etc."
"J'ai horreur des étiquettes (les catégories, ... mais parfois aussi celles qui grattent, dans les vêtements)"
Etrangement, ce que les enfants et adultes doués rapportent le plus n'est pas tant l'intelligence, mais plutôt le sentiment d'être en décalage, de se sentir "différent" et de ne pas comprendre pourquoi ...
Alien, E.T. ou extraterrestre sont des termes qui reviennent souvent.
Et c'est ce sentiment de différence qui induit parfois l'impression de ne pas être si intelligent, voire d'être nul, comme beaucoup le rapportent ... quand, enfin, désespérés, ils viennent consulter. Parce que, longtemps, ils ont essayé de "faire aller" ...
Dès le plus jeune âge, ils ont appris à jouer au caméléon, à se couler dans le moule, en se construisant un "faux self", un personnage qui leur permet, croient-ils, de passer inaperçus et de s'intégrer aux groupes. Certains le font mieux que d'autres. Les filles, en particulier, qu'on repère donc moins souvent puisqu'elles "ne posent pas de problème".
En pratique, cela ne fonctionne pas si bien : ils sont "avec" le groupe, mais pas vraiment "dedans".
Et ils ont beau faire des efforts, rien n'y fait. Ils ont souvent peu de vrais amis, voire pas du tout, même si certains ont "plein de copains" ou sont "copains avec tout le monde".
Mais, quand on les interroge, ils n'en sont pas forcément conscients (le faux self est partout et depuis longtemps).
Ils passeront donc par des crises où ils se demanderont ce qu'il faut faire pour être "normal" ou s'il faut renoncer pour vivre en ermite. Ces crises s'accompagneront de somatisations diverses et variées, pour lesquelles ils iront consulter psychiatres, psychologues ou psychothérapeutes.
Et ceux-ci ne mettront pas forcément le doigt sur la douance qui, confondue avec l'intelligence, est plutôt considérée comme un avantage, dont on aurait tort de se plaindre.
Alors que le problème n'est pas l'intelligence, mais la différence.
Comment le sait-on ?
Quand on les réunit, ils ne se sentent pas si différents.
A quel niveau ?
Différence de stimulation, hyperesthésie (exacerbation des 5 sens), qu'on résume par l'"hypersensibilité", même si le terme est trompeur : il ne s'agit pas d'émotivité ou de sensiblerie, même si certains en souffrent, mais plutôt d'une perception du monde différente, qui amène des questionnements existentiels que, manifestement, tout le monde n'a pas.
Un perfectionnisme qui peut mener au syndrome de l'imposteur. Et, souvent, une préoccupation pour autrui et donc le sens de la justice qui va avec.
S'y ajoute une tendance à prendre les choses au pied de la lettre et à ne pas toujours comprendre les implicites, les expressions idiomatiques, les consignes à l'école ou au boulot, qui conduit aussi à "ne pas se penser intelligent". Un peu comme si on parlait une autre langue.
NB : On peut donc légitimement se demander si faire passer un "test d'intelligence standardisé" à des gens qui ne comprennent pas les consignes comme les autres est vraiment une grande idée ...
La conséquence, en finale, est souvent un sentiment d'étrangeté, qui induit un gros manque de confiance/estime de soi, qu'ils traîneront toute leur vie, faute d'en comprendre l'origine.
Ce sont aussi ceux qui feront une "crise du milieu de vie" et "chercheront leur mission sur terre" (et, non, ce n'est pas tout le monde ...)
Vous en connaissez autour de vous ? C'est normal : qui se ressemble s'assemble ! (et, avec le faux self, ça donne "qui s'assemble se ressemble")
En résumé :
Ce que ce n'est pas : un individu "comme les autres", mais avec un haut QI ou une intelligence supérieure.
Ce que c'est : un individu avec un fonctionnement cérébral différent (on dit qu'il est "câblé différemment") qui, même s'il se sait parfois intelligent (mais parfois aussi se croit "bête, malade ou fou"), se demande toute sa vie ce qu'il a bien pu faire pour "ne pas être comme tout le monde" ...
"Je me suis toujours senti différent, en décalage."
Plus que "l'intelligence" (difficile à définir, en plus), ce sont les caractéristiques suivantes qui dépeignent le mieux les adultes doués / à haut potentiel / hypersensibles/ neuroatypiques, etc. :
Attention : il n'est pas indispensable qu'elles soient toutes présentes !
Parfois, a lu très jeune et avidement, vocabulaire extensif. Mais certains n'aiment pas lire du tout !
Excellente mémoire ... pour ce qui l'intéresse.
Bon en chiffres, puzzles, ...
Perfectionnisme, doublé (parfois!) d'une extrême lucidité, qui entraînent le doute, la peur de l'échec (syndrome de l'imposteur)
Ce qui entraîne :
Sentiment de solitude, parfois ...
Gros manque de confiance/estime de soi, toujours !
NB: Ce que les psychologues appellent une estime haute, mais instable est en fait une mauvaise estime de soi, qui pousse certains doués/HP, en mal de reconnaissance, à "la ramener tout le temps".
La meilleure méthode est l'évaluation qualitative, par un spécialiste capable de reconnaître un haut potentiel.
Elle repose sur l'observation du mode de pensée et des caractéristiques évoqués plus haut, c'est-à-dire non pas de traits de caractère en particulier, mais plutôt de l'intensité avec laquelle ils sont présents : les doués/HP présentent les mêmes qualités et défauts que monsieur et madame tout-le-monde, mais exacerbés. On dit qu'ils sont "comme tout le monde, mais plus", "plus tout", "trop tout" !!
Cette intensité s'explique par les hyperstimulabilités* (overexcitabilities) de Dabrowski. Plus que de "surdoué", on devrait parler de "surstimulé" : comme les autres, ... mais plus.
L'évaluation qualitative en tant que méthode d'identification se heurte à une évidence : la méconnaissance du phénomène parmi les professions concernées est à l'origine d'un manque criant de spécialistes. Médecins, psychiatres et psychologues ignorent souvent tout de cette particularité et sont plus prompts à diagnostiquer des "troubles" qu'une "autre forme de normalité" (voir troubles réels ou supposés).
Le test de QI ne devrait être utilisé que pour :
Malheureusement, l'ignorance susmentionnée des professionnels consultés conduit souvent à ne s'en remettre qu'à ce seul test pour établir, une fois pour toutes, la condition de haut potentiel ou non, avec les mauvais diagnostics et les conséquences qui en découlent :
Ce n'est donc pas connaître son QI qui est important, c'est avoir la confirmation qu'on fonctionne différemment, apprendre en quoi ça consiste, apprendre le fonctionnement des individus dans la norme ("normopensants", cf. Siaud-Facchin), comprendre pourquoi ça ne colle pas toujours et comment ça peut éventuellement coller.
*Les hyperstimulabilités, théorie de la "Désintégration positive", de Kazimierz Dabrowski
Les hyperstimulabilités peuvent prendre cinq formes :
Contrairement à ce que pensent les naïfs, il n'a jamais été démontré qu'il fallait un QI de 130; ce n'est qu'un moyen détourné, une "règle du pouce" adoptée il y a un siècle, genre "si on prend les 130, on est sûr d'avoir les doués !"
Reformulée ensuite en "au-delà de 2 écarts-types", même si ce n'est pas tout à fait équivalent.
Conséquence : Doué/HP et HPI/HQI, ce n'est pas forcément la même chose ...
Conséquence de la conséquence :
L'évaluation qualitative : une méthode indépendante des tests de QI, pratiquée aux Etats-Unis depuis plus de 50 ans, elle permet d'identifier la personne HPI par :
On l'utilise de plus en plus dans la mesure où "ce n'est pas le QI qui fait le HP", mais plutôt un "fonctionnement qualitativement différent", et notamment dans les cas suivants :
NB: Les psychologues qui vont vous affirmer qu'"il faut un QI de 130" ne savent même pas pourquoi ils l'affirment...
Ce n'est qu'un consensus adopté aux Etats-Unis dans les années 20 ... oui, c'est vieux ... et absolument pas "scientifique", au sens de "on a pu invalider les autres hypothèses". C'est scientifique au sens du "consensus scientifique" : "on n'avait rien d'autre, alors on a pris ça !"
Le risque est que vous cherchiez ailleurs (thérapies/psychiatrie) ce qui est sous le nez du psy, mais qu'il ne voit pas, généralement par ignorance de ce que c'est vraiment.
Beaucoup de parents et de plus en plus d'adultes concernés directement arrivent à mon cabinet après une errance dans l'accompagnement. les personnes souffrent intérieurement et l'expriment par :
En résumé, le test de QI vous donne :
L'évaluation qualitative, c'est l'inverse :
Si vous n'y faites rien : RIEN !
Mais quand vous comprenez :
Alors, oui, cela peut TOUT changer, mais vous devrez y travailler, cela ne viendra pas tout seul.
Beaucoup d'enfants, d'adolescents et d'adultes doués sont erronément diagnostiqués comme ayant des troubles du comportement, voir des troubles mentaux. On essaie, à coup de médicaments ou de thérapies inutiles, de les faire entrer dans le moule de l'école, de l'entreprise ou de la famille, ou de rendre leur vie ou leur situation plus satisfaisante.
D'autres, par contre, ont des troubles qu'ils compensent ou camouflent grâce à leur intelligence, au point qu'on les considère simplement doués.
D'autres, enfin, souffrent de troubles très réels, mais ni eux ni les professionnels qui les traitent ne réalisent le lien entre ces troubles et leur douance.
Parfois, les caractéristiques de la douance sont mal interprétées; parfois, elles dissimulent les troubles cliniques. Dans d'autres situations, le diagnostic est correct, mais la douance doit être prise en compte dans le traitement.
Parmi les troubles ou particularités fréquemment associés, on retrouve : dépression existentielle, TDA/H, TOC, Asperger, trouble bipolaire ou maniaco-dépression, cyclothymique, borderline, schizoïde, trouble anxieux, troubles de l'apprentissage (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dysgraphie, dyspraxie visuo-spatiale, troubles instrumentaux), spasmophilie, fibromyalgie, phobie scolaire ou sociale, synesthésie, etc.
Comparer les comportements des personnes douées avec ceux de personnes souffrant d'un trouble diagnosticable permet de distinguer ce qui est pathologique de ce qui est normal pour un individu doué. Il arrive aussi qu'il y ait recouvrement entre la douance et un trouble particulier. Il faut également souligner que certains troubles peuvent résulter de l'inadéquation entre l'individu et son environnement et que, souvent, le diagnostic est basé sur des comportements qui agacent les parents ou les enseignants, mais pas l'enfant lui-même. A l'inverse, la personne peut réagir correctement à une situation intolérable, mais des professionnels mal informés vont tenter de faire changer l'individu, plutôt que d'adapter la situation ou l'environnement.
La plupart des termes utilisés dans les diagnostics sont issus du DSM-V (Diagnostic and Statistical Manual, 5e édition), la bible des psychiatres, est essentiellement une liste descriptive, parfois imprécise, de symptômes; l'interprétation est laissée à la discrétion du praticien. Trop souvent, les comportements normaux des enfants et adultes doués sont considérés comme des maladies et on tente de les traiter à coup de médicaments. Et si ceux-ci améliorent le comportement, on sera amené à la conclusion erronée que le diagnostic est confirmé.
Pratiquement aucune des catégories du DSM-V ne tient compte des caractéristiques des enfants et adultes doués. A l'inverse, de nombreuses listes de critères considèrent l'impact du fonctionnement intellectuel comme un critère d'exclusion, mais seulement dans des cas de retard mental. Les auteurs du DSM-IV semblent admettre que les capacités mentales affectent le diagnostic à un bout de la courbe, mais n'arrivent pas à reconnaître que des différences existent à l'autre bout également. Espérons que ceci sera corrigé dans une future édition du DSM-IV.
En attendant, il serait bon, autant que possible, de pathologiser des comportements qui sont tout simplement normaux pour des enfants et adultes doués et talentueux.